La nonchalance de Paris est un délicieux poème
J’aime beaucoup la photographie qui illustre cette publication. Misstic est passée par ici. La Butte aux Cailles, nichée dans le XIIIème arrondissement de Paris, regorge de petites ruelles, de restaurants pittoresques et de gens hauts en couleurs si on sait s’extirper du flot de touristes. Je sortais d’un rendez-vous professionnel et l’envie de humer ce quartier village me saisit tel une faim d’iode et de vent marin. C’est comme une sorte de fringale de vrai qui me happe soudainement.
J’arpente donc les rues sans songer à baliser mon trajet. Je flâne et je me délecte de l’authenticité des gens d’ici qui se pausent sans poser dans les innombrables bistrots alentours. Je devine vite où sont les habitués et où sont les curieux par trop pressés. La ligne blanche imaginaire les départage par une attitude que je m’amuse à qualifier intérieurement de “paresseuse béate”. Leur insouciance est palpable tant ils semblent nonchalants. Et pourtant.
Ils ne roulent pas sur l’or. Ils jouent aux dés ou au tarot, quelques cigarettes, et un unique café devant eux qui semble leur conférer le droit à rester assis la journée durant, s’interpellant, s’apostrophant et en mirant les gens qui passent droit devant. Le respect est présent. L’envie d’être respecté et non dérangé dans ce qui est leur domaine tout autant.
Et c’est alors qu’une autre envie émerge en moi. Je veux leur causer, les regarder dans les yeux, les sentir. Et j’ose. Je m’engouffre dans un restaurant basque, mon plus beau sourire affiché et mes prunelles qui dansent. L’accueil y est presque trop chaleureux, trop humain, trop évident. Trois gars avec leur tablier me regardent avec un oeil gouailleur, bienveillant et généreux: ça transpire d’humanité idéale.
Je plane et je pose alors évidemment plein de questions très plates. Quel plat vous me conseilleriez ? Faut-il réserver ou non ? Y a -t-il à l’improviste toujours de la place pour des tourtereaux ? Puis je avoir avoir votre carte de visite, je reviens dîner chez vous, sûr de sûr. Et là. Le cuistot, le patron, le serveur s’agitent en tous sens. Non, ils n’en ont pas. Zut !
Et là. Un truc s’est passé en quelques secondes avec trois paires de bras moulinant l’air et leurs cervelles s’agitant. La débrouillardise coule dans leurs veines. Ils ont tout simplement enregistré une commande imaginaire à un centime d’euros et m’ont tendue cette facture truffée des informations essentielles qui m’ouvrait tout droit le chemin vers l’une de leurs tables à carreaux rouge et blanc. Et j’ai rosi de plaisir.
Et puis je suis sortie. Et je me suis retournée. Et j’ai vu. J’ai enfin vu. Misstic sait flairer les bons coins et l’imager. Je me suis mise en position de shooting. Et le plus âgé des trois est sorti au moment le plus merveilleusement hasardeux. Ca donne cette photographie. L’Ancien qui sait, qui sourit de partout, clope au bec et qui se place entre Lui et Elle, graffitis qui s’aimeront évidemment un jour. “Assurez vous contre le hasard, un regard est si vite arrivé”. Mon regard l’a capté. Le hasard m’a captée aussi. Incroyable la vie, non ?!
Le hasard est un clin d'oeil de la vie.
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