Je présente ici quelques petites réflexions sur un nouveau modèle type d'entreprise où le rapport salariés/entreprises est un rapport gagnants/gagnants authentique. J'ai publié par ailleurs ces pistes de réflexion sur le site web de réseau professionnel Viadéo. A lire, à méditer et à chacun de les développer_étayer. Et à concrétiser autant que faire se peut. Une 3ème voie serait-elle donc possible ?! Sachons oser.
Et si une troisième voie pour (re)penser l'entreprise était possible
Tactiques de stress, crise économique, souffrance au travail, pressions sur les PDG, les managers, les salariés voire la société; tout se mélange : comment sortir de cette spirale?
Je désire vous faire partager quelques unes de mes réflexions issues de ma formation initiale et continue, de mon parcours professionnel, de ma vie de femme, des échanges nombreux que j'ai pu avoir, de ma pratique de la photographie humaniste, bref de mes convictions qui se sont ainsi forgées au fil du temps et qui ne sont pas figées mais qui forment une base solide.
Je pense que nous avons dans une grande majorité et tous métiers confondus, une vision commune de la place de l'humain dans l'organisation.
Renaud Sainsaulieu, fondateur de l'APSE, Association des Professionnels en Sociologie d'Entreprise, et du DESS "Développement social d'entreprise et Gestion de l'emploi" à Sciences Po Paris dont j'ai eu la chance de suivre les cours m'inspire encore et toujours, et je dirai encore plus aujourd'hui.
J'espère nourrir et éclairer, à mon niveau, le débat en présentant ci-après quelques idées et pistes de réflexion.
Tout d'abord, je vous recommande au passage vivement l'ouvrage de Christophe LAVAL "Plaidoyer pour la reconnaissance au travail - La reconnaissance non monétaire : une pratique managériale au service du mieux-être et de la performance". Vous pouvez vous procurer ce livre si ce n'est déjà fait via le site www.livrebusiness.com.
L'auteur, expert reconnu mondialement en management qui a dirigé entre autres Entreprise&Personnel dit :
"avoir acquis l'intime et profonde conviction que la reconnaissance au travail est un élément clé de l'identité et de la santé des personnes ainsi que de la croissance, de la transformation et de la performance économique des organisations."
C'est hélas! d'actualité avec France Télécom/Orange et ses plus de 20 suicides scandaleux liés aux conditions de travail inadmissibles. Peut-être hélas! est-ce ici le cas d'une entreprise plus médiatisée, celle-ci en cachant bien d'autres ?
La souffrance au travail existe, tout le monde le sait. Il est temps d'agir. Et rapidement. Et l'éthique de l'entreprise doit être pensée, sa liberté aussi.
"Au delà d'un plaidoyer pour la reconnaissance au travail, ce livre est le chaînon qui manquait entre l'indispensable performance économique et le mieux-être dans l'entreprise qui reste le meilleur moyen d'y parvenir."
L'objectif de l'auteur est de promulguer un véritable nouveau management dans l'entreprise au travers de la reconnaissance au travail tant formelle – salaire maintenu, réhaussé, augmenté – qu'informelle, cad non monétaire aussi, et il souligne le aussi. Tout est repensé, les salariés sont alors vraiment reconnus par leurs managers de proximité, eux-mêmes reconnus par leur hiérarchie etc.
L'objectif est que les salariés comme les managers ne subissent alors plus de stress négatif, ni d'humiliation ou de harcèlement, ni de surdose de travail forcément toxique, liés à un management global "déplorable" encore trop répandu aujourd'hui hélas!, lui même lié, entre autres mais pas que, au contexte socio économique.
Ce qui se passe aujourd'hui dans nos organisations est intenable et ingérable. Cela impacte très fortement, on le sait, sur les résultats des entreprises via une démotivation générale de l'ensemble des salariés, managers y compris; et donc à une baisse logique de la contribution de chacun aux performances économiques, à de l'absentéisme comme seule parade, à des maladies générées par ces conditions de travail inhumaines et à un fort turn over.
Avec cette approche de la reconnaissance au travail, les salariés peuvent enfin et veulent alors, de nouveau, avoir envie de s'investir dans leurs entreprises car le climat social, respectueux de chacun, apaisé et créatif; et les conditions de travail, au sens large, qui en découlent sont optimaux. Du coup les entreprises deviennent plus performantes.
On sort de la crise.
Attention, par reconnaissance au travail, il est bien dit qu'elle ne soit pas de façade car les salariés sont tous - est-il utile de le rappeler? - dôtés d'un esprit critique de plus en plus développé et conscients de leurs droits et ils sentent aussitôt si il y a supercherie.
Si cette reconnaissance au travail n'est que poudre aux yeux, on court au fiasco économique et social : l'avertissement est majeur.
Pour ce faire, l'impulsion doit venir d'en haut, c'est a dire des dirigeants de tous bords qui se doivent de montrer la voie par la mise en place de politiques éthiques non autoritaires et démocratiques qui ne soient pas que des paroles en l'air mais s'appuyant sur des faits et des pratiques vérifiés et concordant avec leurs discours : un discours plaidoyer pour une vraie reconnaissance au travail et non, en caricaturant, basé sur un discours abject du "tu marches ou tu crèves".
L'approche est originale car elle fait du rapport salariés/entreprises un rapport gagnants/gagnants.
Cette approche économique, sociale et politique bénéfique tant pour l'économie que pour le bien-être de tous ne peut que rejaillir en cascades sur les salariés, les dirigeants, les chômeurs et donc sur toute la population car les conditions sont alors réunies pour que la croissance économique reprenne et que la société soit démocratiquement plus juste et plus agréable pour tous.
Le travail n'a pas de sens au travers du seul mérite individuel car c'est ici une conception dangereuse qui favorise une vision élitiste qui divise les équipes, nourrissant méfiance et coups bas et qui au final rend toute entreprise amorphe et inefficace tant le climat social est désagrégé et donc non efficicent.
L'entreprise, pour être performante, et non plus qu'à simple court terme, en pressant ses salariés comme des citrons, se doit de concilier prise en compte de l'humain, du social et de l'économique.
Tout est lié, tout doit être relié. Il est important d'anticiper et d'agir rapidement pour prévenir les risques psychosociaux et économiques.
Le travail n'a de sens qu'en respectant et en reconnaissant les capacités de chacun, quel qu'il soit, et quelles qu'elles soient. Nous avons tous des capacités différentes et complémentaires : valorisons les pour chacun et misons ainsi sur un modèle type d'entreprise où coopération prime sur compétition interne.
Les salariés travaillent avec plaisir quand ils sont profondément reconnus et non soupesés et évalués. Ce sont les hommes et les femmes qui font les performances de leurs entreprises : il est donc indispensable de les prendre en considération, de les respecter et de les reconnaitre. Vraiment. Rappelons le.
Avec cette approche, l'éthique de l'entreprise, voire de l'organisation au sens large, est une éthique respectueuse de tous ceux qui la composent, y compris en respectant l'Environnement. C'est une éthique citoyenne, à visage humain et responsable de ses salariés. C''est à cette condition que l'entreprise sera alors de nouveau performante au travers d'un bien-être de tous ses salariés.
De même, la liberté de l'entreprise passe alors avant tout par une reconnaissance globale et complète au travail de toutes et tous afin que le rapport salariés/entreprises soit un rapport gagnants/gagnants; rapport bénéfique tant économique que social.
C'est la troisième voie?!
J'espère sincèrement avoir contribué à mon niveau à nourrir de ma réflexion la vôtre, modestement mais authentiquement.
Valoriser l'Humain dans les faits et par nos pratiques tout en tenant compte de la réalité socio économique : soyons novateurs.
Cordialement.
Anne Verron.
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